Qu’ont les Grecs, les Romains et les Égyptiens dans l’Antiquité que nous n’avons pas dans notre ère moderne ? Une alimentation à partir de produits bruts peu transformés. On vous propose donc un retour en arrière de “quelques années” seulement pour redécouvrir le goût des vrais aliments et s’inspirer de ce que mangeaient les anciennes civilisations.
Les différences entre l’alimentation antique et celle actuelle
Autrefois comme maintenant, les sociétés se basent sur la culture de plantes et l’élevage d’animaux pour se nourrir. Si on a au moins ça en commun avec nos ancêtres (puisqu’on ne mange pas encore de la nourriture bionique), il y a des différences marquantes, voyons les de plus près :
- Les techniques agricoles : Ce n’est pas un secret, elles ont énormément évolué, passant de méthodes manuelles à des procédés mécanisés et automatisés. Ça a bien évidemment impacté la productivité et donc la disponibilité des aliments.
- La conservation : Aujourd’hui, les foyers sont équipés d’un frigo et d’un congélateur pour conserver les denrées. Ça peut paraître banal pour nous aujourd’hui mais il faut se rappeler que ce sont des équipements assez récents. Dans l’antiquité, on utilisait des méthodes comme le séchage, le salage ou la fermentation pour conserver les aliments.
- La fraîcheur des aliments : Les anciens avaient une alimentation principalement basée sur des produits locaux, saisonniers et riches en vitamines et minéraux. Le tout sans les additifs, conservateurs et autres modifications génétiques présents dans de nombreux aliments modernes. Cette proximité avec la nature se traduisait par une alimentation potentiellement plus saine, mais aussi plus limitée en termes de variété tout au long de l’année.
- Le rôle social de l’alimentation : Si manger ensemble reste un acte social fort aujourd’hui, dans l’antiquité, les repas avaient souvent une dimension rituelle ou religieuse. Ces repas servaient à célébrer des divinités ou des événements communautaires. Et la distinction entre les classes sociales était plus marquée à travers l’alimentation, les élites avaient accès à des produits rares et coûteux, alors que la majorité de la population se contentait d’une diète plus “frugale”.
Alimentation Grèce antique
Dans l’Antiquité grecque, les céréales, comme le blé et l’orge, formaient la pierre angulaire de l’alimentation quotidienne. Homère désignait même les Grecs de “mangeurs de farine”, ça souligne l’importance qu’avaient ces aliments. La farine d’orge, transformée en galettes appelées maza, constituait le repas de base, tandis que le pain de froment, plus raffiné, était réservé aux festivités.
Les Grecs agrémentaient souvent leurs repas de céréales avec une variété de légumes, parmi lesquels on trouvait des choux, des épinards, des oignons et de la laitue. Les légumineuses comme les lentilles, les fèves et les pois chiches étaient également appréciées pour leur apport nutritif.
En ce qui concerne la viande, elle était assez coûteuse, et donc elle était principalement consommée par les plus riches. La volaille, le chevreau, le mouton et le gibier figuraient au menu des fortunés. Pour la population urbaine, le poisson représentait la source principale de protéines, dont la population allait se réapprovisionner au marché florissant sur l’Agora. Les plus pauvres quant à eux devaient se contenter du porc.
L’ail, les fromages et les oignons faisaient partie intégrante de l’alimentation quotidienne des Grecs. Les olives, abondantes en Attique avant la guerre du Péloponnèse, étaient consommées nature ou transformées en huile pour la cuisine et l’assaisonnement.
Quant à la boisson, on était bien hydratées car on consommait énormément d’eau. Le lait, principalement de chèvre, et l’hydromel, une boisson fermentée à base d’eau et de miel, étaient aussi consommés. Le vin, offrande de Dionysos, ne se buvait jamais pur, car cela était considéré comme barbare et dangereux pour la santé. Il était donc dilué avec de l’eau avant d’être servi.
Nos connaissances sur l’alimentation en Grèce antique proviennent de diverses sources, y compris les comédies d’Aristophane1, les écrits d’Athénée2, ainsi que des représentations sur des vases peints et des figurines en terre cuite. Ces témoignages historiques nous offrent un aperçu précieux des habitudes alimentaires de cette époque.
Alimentation Rome antique
L’alimentation dans la Rome antique similaire à l’alimentation grecque était centrée sur les produits végétaux, avec une grande place accordée aux céréales comme le blé, l’orge et l’épeautre, consommées sous forme de pain ou de gruau. Les légumineuses comme les fèves, les lentilles et les pois jouaient un rôle essentiel, fournissant une source importante de protéines. Selon les saisons, une variété de légumes venait compléter le régime alimentaire des Romains.
La viande était un signe de richesse et sa consommation était surtout le privilège des classes aisées. Les jours de fête, la viande de porc, d’agneau, le canard en fricassée, le civet de biche et les pâtés de hure de sanglier étaient particulièrement appréciés. Quant aux familles moins aisées, elles mangeaient aussi de la viande, mais de qualité inférieure et souvent préparée en ragoûts ou émincée.
Les produits de la mer étaient très prisés et symbolisaient un statut social élevé. Des viviers et des parcs à huîtres étaient aménagés pour garantir un approvisionnement constant. Les poissons de grande taille pouvaient atteindre des prix exorbitants, reflétant leur valeur dans la société romaine. Les conserves de poisson, souvent en saumure, étaient importées de différentes provinces de l’Empire.
Le vin était la boisson principale des Romains, mais il différait de celui que nous connaissons aujourd’hui et était généralement dilué avec de l’eau. L’assaisonnement des plats était crucial, avec l’utilisation d’huile d’olive, de miel, de vinaigre, de vin et d’épices importées. Le garum, une sauce à base de poisson fermenté, était le condiment le plus populaire et omniprésent dans la cuisine romaine.
Pour ce qui est des produits laitiers, le lait de brebis et de chèvre était courant, alors que le lait de vache était moins estimé. Les fromages, souvent salés, fumés ou desséchés pour leur conservation, accompagnaient le pain ou étaient utilisés dans des pâtisseries.
Le miel, principal produit sucrant, était vendu par des commerçants spécialisés et entré dans la composition de nombreuses préparations culinaires. Les Romains disposaient également de méthodes de conservation des aliments, comme le montrent les recettes d’Apicius dans son ouvrage “De re coquinaria”.
Nos connaissances sur l’alimentation des Romains proviennent de diverses sources, dont des représentations artistiques, des découvertes archéologiques dont à Pompéi3 et ainsi que des textes variés, incluant des traités d’agriculture et des pièces de théâtre.
Alimentation Egypte antique
Pour ne pas vous surprendre, l’alimentation en Égypte antique reposait fortement sur les céréales. Et notamment l’orge et l’amidonnier, cultivées dès le IVe millénaire av. J.-C. Avec le temps, l’amidonnier a cédé sa place au blé dur dès le IIIe siècle av. J.-C. Ces céréales étaient essentielles pour la fabrication du pain et de la bière, deux piliers de l’alimentation égyptienne. Le pain, dont on recense une vingtaine de variétés, était préparé par les serviteurs, les boulangers ou même la maîtresse de maison, et souvent agrémenté d’épices ou de légumes. Quant à la bière, elle était produite à partir de l’orge selon un processus spécifique de fermentation et de filtration.
De nombreux Égyptiens pratiquaient une forme de végétarisme religieux, évitant la consommation de viande, surtout les bovins, en raison de la sacralité attribuée au règne animal. Cette pratique était renforcée par la croyance que les animaux pouvaient se plaindre auprès d’autorités représentées par le pharaon ou la déesse Maât si des méfaits leur étaient infligés.
En ce qui concerne les légumes et les fruits, l’alimentation égyptienne intégrait l’ail, l’oignon, les fèves, les pois chiches, les lentilles et divers légumes verts. Les fruits, plus rares et souvent réservés aux élites, incluaient les dattes, le raisin, la grenade, les pastèques et les melons. La grenade, en particulier, était importée en Égypte dès la fin du Moyen Empire et apparaissait fréquemment dans les peintures de la XVIIIe dynastie.
Pour les protéines, les poissons constituaient une source majeure, avec des variations de consommation selon les classes sociales. Les Égyptiens capturaient aussi des oiseaux migrateurs et élevaient des bovins pour leur viande et leur lait. Ils pratiquaient même le gavage des oies, comme en témoignent les fresques des tombes à Saqqarah.
L’eau du Nil, malgré sa réputation, devait être décantée avant d’être consommée. La bière, considérée comme la boisson nationale, était brassée dans tout le pays, a contrario que le vin, plus exclusif, était principalement réservé aux riches dès la fin du IVe millénaire av. J.-C.
Les desserts et les pâtisseries, souvent à visée thérapeutique, étaient très sucrés et élaborés avec du miel, des dattes ou des raisins secs. Le miel, produit dans des ruches de terre, était d’ailleurs un ingrédient de choix dans la préparation des douceurs.
Enfin, sur un plan plus scientifique, des chercheurs et microbiologistes israéliens ont réussi en mai 2019 à recréer une “bière des pharaons” avec une teneur en alcool de 6 % et un hydromel à 14 % en utilisant des souches de levures datant d’environ 3 000 ans, extraites de jarres antiques4.
Références
- ARISTOPHANE (445-380 av. J.-C.) – Encyclopædia Universalis ↩︎
- Irigoin Jean. L’édition princeps d’Athénée et ses sources. In: Revue des Études Grecques, tome 80, fascicule 379-383, Janvier-décembre 1967. pp. 418-424. ↩︎
- POMPÉI : De la découverte de Pompéi à sa préservation – Encyclopædia Universalis ↩︎
- Israël : des chercheurs recréent “la bière des pharaons”, avec une levure de 3.000 ans ↩︎